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Este Blogue tem como objectivo a discussão da violência em geral e da guerra na Pré-História em particular. A Arqueologia da Península Ibérica tem aqui especial relevo. Esperamos cruzar dados de diferentes campos do conhecimento com destaque para a Antropologia Social. As críticas construtivas são bem vindas neste espaço, que se espera, de conhecimento.

Guerra Primitiva\Pré-Histórica
Violência interpessoal colectiva entre duas ou mais comunidades políticas distintas, com o uso de armas tendo como objectivo causar fatalidades, por um motivo colectivo sem hipótese de compensação.


Friday 8 April 2011

La violence aux origines de l'humanité : Les temps préhistoriques

Jean GUILAINE - 1er février 2003 (1)
in Église Réformée d'Auteuil: Etudes & Recherche

La préhistoire fut-elle, comme certains l'ont pensé, une période pacifique, un âge d'or ?
Au delà même du mythe traditionnel d'une âge d'or originel, suivi d'une " chute ", certains spécialistes ont cru pouvoir l'assurer. Par exemple, Marshall Sahlins pour qui la société des origines était presque paradisiaque, une humanité peu nombreuse pouvant alors acquérir sa nourriture quotidienne sans difficulté dans un environnement riche et giboyeux, ce qui laissait à ces heureux ancêtres beaucoup de temps pour le repas, pour le loisir et pour l'affection et leur permettait de vivre en harmonie les uns avec les autres (Age de pierre, âge d'abondance, chez Gallimard en français).
En fait, il n'en est rien. L'analyse approfondie des fouilles les plus récentes(2) prouve que la préhistoire fut une époque de violence et de guerres, et cela aussi bien au paléolithique, le temps des chasseurs cueilleurs, qu'au néolithique, le temps où apparaissent les agriculteurs et les éleveurs.

Rappel du cadre chronologique : paléolithique puis néolithique
Pour commencer, revenons sur ce cadre chronologique. Pendant la presque totalité de la préhistoire, l'homme a été un prédateur. Par la chasse, la pêche ou la cueillette, il a vécu sur la nature, prélevant sur elle pour consommer, mais il n'a pas transformé la nature. De 2 500 000 ans en Afrique (pour remonter aux traces humaines les plus anciennes connues) à 10 000 ans avant notre ère (donc 99,9 % de la préhistoire) on peut dire que la nature est dominante et l'homme dominé. C'et l'époque dite " paléolithique ".
Puis, à partir, grosso modo, d'un peu moins de 10 000 ans avant notre ère, on observe une sédentarisation : l'homme commence à se fixer en certains endroits favorables. Il va pratiquer l'agriculture et l'élevage. C'est l'époque dite " néolithique ". A partir de ce moment-là - c'est-à-dire une époque très récente à l'échelle de la préhistoire - l'homme devient un agriculteur et un pasteur. Domestiquant les animaux et les céréales, il va pouvoir désormais produire son alimentation, alors que jusque là il s'était contenté de la prélever sur la nature. Différence immense : l'homme, devenu capable de faire se reproduire les plantes et les animaux, devient, dans une mesure certes encore modeste, le maître de la nature. C'est le début du culturel et de l'artificiel. En un sens, nous sommes les descendants de ces premiers paysans du néolithique qui ont transformé et humanisé la nature et en ont totalement changé les paysages.
Cela dit, cette transformation fut très progressive. Concernant " nos pays " (3), le passage au néolithique semble avoir débuté au Proche-Orient. Il s'est fait vers 8 500 avant notre ère, non sur le " Croissant fertile ", comme l'on dit souvent, mais, comme le montrent les recherches les plus récentes, avec un " épicentre ", une zone clé, qui se situe dans la partie supérieure des cours du Tigre et de l'Euphrate. C'est à partir de là que, vers l'Est, vers l'Ouest, vers le Nord et vers le Sud, selon un processus qui prit quelques millénaires, ont diffusé sur les continents environnants les premiers paysans, dès lors qu'ils maîtrisaient la culture des plantes et qu'ils avaient domestiqué des animaux. Par le " pont " anatolien notamment, ils sont passés en Grèce et ont peu à peu colonisé l'Europe.
Il faut donc toujours garder à l'esprit que le passage au néolithique ne s'est pas produit simultanément partout et que, pour l'Europe, plus on va vers l'Ouest, plus il est tardif. De plus, cette époque néolithique, la plus proche de nous, a pu être balisée. On y distingue, après le néolithique stricto sensu, les âges des métaux (cuivre, puis bronze, puis fer). Puis, dans un certain nombre de régions où ces éléments sont acquis, l'homme restant toujours un éleveur et un agriculteur, on voit apparaître l'écriture, les premières villes et les premiers états (Egypte, Mésopotamie, Vallée de l'Indus, Chine du nord - pour se limiter à l'ancien monde). C'est alors le début de l'Histoire.

Indices de la violence préhistorique : à l'orée de la période historique, la guerre est déjà là
Lorsqu'on veut parler de la violence préhistorique, une des questions que l'on peut se poser est de savoir quand commence la guerre. Or, précisément, le début de l'histoire nous apprend qu'à ces époques reculées la guerre est déjà une pratique courante. L'archéologie, notamment mésopotamienne ou égyptienne, nous enseigne que les premières cités sumériennes s'entre-déchiraient et que l'unification de l'Egypte se fit par la guerre.
C'est ainsi, par exemple, qu'un panneau célèbre, dit l'étendard d'Our (British Museum), retrouvé dans les tombes royales d'Our et datant d'environ 2500 ans avant notre ère, montre des scènes de violence contre des ennemis vaincus : chars roulant sur le corps des ennemis et prisonniers dénudés menacés par des soldats en armes. En Egypte, la non moins célèbre palette de Narmer (Musée du Caire), censée raconter l'unification de l'Egypte - en fait la conquête du Nord par le Sud - montre sur une face le personnage central, Narmer, le premier pharaon mythique, en train de lever sa hache pour éliminer un autre personnage qui est un personnage du delta. Au revers, le pharaon, suivi par son porte-sandales et précédé par ses porte-étendard contemple le champ de bataille où l'on voit de nombreux sujets allongés et décapités. Toujours en Egypte, le poignard en silex de Djebel-el-Arak (Musée du Louvre) s'assortit d'un manche en ivoire sculpté représentant une scène de combat.
Ce qui est valable en Mésopotamie et en Egypte, l'est aussi ailleurs. Il est certain que les archéologues peuvent lire la violence sur des documents laissés par les premières civilisations historiques (c'est-à-dire celles qui ont laissé des documents écrits) et que cette violence ne peut-être considérée comme une " nouveauté " de ces époques lointaines.
Autre indice d'une violence ancestrale : le cannibalisme, et plus précisément un cannibalisme rituel, ceux qui le pratiquaient voulant vraisemblablement s'approprier les vertus d'un défunt honoré ou la force d'un ennemi tué au combat et particulièrement valeureux. Par les traces laissées sur les ossements (traces de décharnement en vue d'une possible consommation), on a des preuves que ce cannibalisme a traversé toute la préhistoire. On en trouve encore des traces vers 8000 ans avant notre ère.
Tout cela dit, pour parler de la violence préhistorique et en produire des preuves, nous traiterons essentiellement d'abord du temps des chasseurs cueilleurs, soit la très longue durée du paléolithique ; puis des premiers agriculteurs, c'est-à-dire l'époque néolithique ; et enfin, moins longuement, nous déborderons sur quelques faits concernant les âges des métaux.
Précisons néanmoins que nous serons relativement brefs et rapides sur les temps les plus anciens, pour la raison bien simple que, plus il s'agit de temps anciens, plus la documentation est réduite, disparate, souvent mal conservée et surtout très difficile à questionner. Les éléments disponibles sont peu intelligibles.
Si, exemple extrême, nous voulions remonter à l'époque des australopithèques, entre six millions d'années et trois millions d'années, nous verrions que les australopithèques sud-africains, dont les restes sont rares, portent des traces d'enfoncement, des marques de blessures, mais nous ignorons complètement si ce sont des blessures accidentelles ou si elles ont été causées par un tiers. Certains archéologues pensent même que certaines des modifications que l'on constate sur les os ont pu intervenir post mortem, du fait des conditions de fossilisation qui ont pu entraîner des déformations de l'os. Autrement dit, ce n'est que lorsque la documentation augmente et devient plus récente qu'elle peut donner lieu à des interprétations et encore, celles-ci prêtent souvent à discussion, surtout si les " documents " sont anciens.
Ce dont nous allons essentiellement parler, c'est donc de notre espèce, l'homo sapiens, ou plus précisément l'homo sapiens sapiens (4).

La violence au paléolithique
Quelles preuves a-t-on de la violence au paléolithique ?
Ce sont d'abord les nombreuses traces de traumatismes osseux provoqués par des armes. Soit des blessures au crâne (fractures, crânes défoncés ..) ; soit des pointes de flèches que l'on trouve encore fichées dans les os, et ce dans toutes les parties du corps, vertèbres, os du bassin, os des membres etc.. Ainsi par exemple, les restes d'un bassin trouvé à Skühl, en Israël, montrent une tête de fémur et un os coxal perforés par un projectile. Les victimes ne sont pas que des hommes : on observe que ces violences atteignent aussi bien des enfants ou des femmes, comme par exemple cet enfant gravettien de Grimaldi qui porte la pointe d'une arme de jet dans la colonne vertébrale.
Une deuxième preuve de la violence paléolithique est fournie par certaines gravures rupestres. Elles offrent quelques scènes où l'on voit des sujets percés de flèches ou de sagaies comme, par exemple, une gravure figurant sur les parois de la grotte de Cosquer, près de Marseille. On a aussi, dans la grotte de l'Addaura, en Sicile, une scène de supplice où deux hommes ont les jambes repliées en arrière et retenues par une corde formant nœud coulant autour du cou, ce qui ne peut aboutir qu'à une strangulation. C'est en quelque sorte une exécution, mais une exécution qui ne fait pas couler le sang.
Enfin, dernière preuve, il est quasi certain que les paléolithiques se faisaient la guerre. Avec quelles armes ? Pendant très longtemps des javelots, ont été lancés à bras. Puis il y eut une invention qui a donné au système beaucoup plus de force, c'est l'invention du propulseur. C'est une baguette cannelée (en bois ou en os) dans laquelle on met la flèche (ou le javelot) qu'on veut lancer. Le fait de tenir ce propulseur avec la flèche à l'intérieur fait que le propulseur guide la flèche et lui donne en même temps beaucoup plus de précision et de force. C'était un premier progrès balistique.
L'arc fut ensuite une découverte importante : il accentue la précision et la force du projectile. Invention essentielle, utilisée jusqu'au..... Moyen-Age, où elle fut supplantée par l'arbalète. Les plus anciens arcs connus remontent aux 9ème ou 10ème millénaires avant notre ère. On les retrouve surtout dans les tourbières du nord de l'Europe, dans des endroits où le bois peut se conserver. Ce sont des arcs qui appartenaient encore à des civilisations de chasseurs-cueilleurs. Il est vraisemblable que l'arc a été inventé vers la fin des temps paléolithiques, aux environs de 12 000 à 10 000 avant notre ère.

Un exemple de massacre guerrier au paléolithique : le massacre du Djebel el Sahaba
Il y a une vingtaine d'années, une mission américaine a fouillé au Soudan une nécropole remontant à 12 000 /10 000 ans avant notre ère, donc des chasseurs-cueilleurs (site du Djebel Sahaba, non loin du Nil). On a trouvé là une soixantaine de personnes enterrées et la moitié de ces personnes avaient des pointes de flèche ou de dards dans les os. Rien ne nous dit, d'ailleurs, que les autres sujets n'ont pas aussi été tués de façon violente. Si la flèche n'atteint que des parties molles, elle peut être mortelle sans que pour autant la pointe reste fichée dans un os. Autrement dit, ces gens-là ont été exterminés par des congénères. S'agissait-il d'une élimination à l'intérieur du groupe social, ou d'ennemis qui ont essayé de chasser des gêneurs ? nous n'en savons rien.
Ce qui est intéressant, dans ce cas du Djebel Sahaba, c'est que des sujets ont reçu de 6 à 20 pointes de flèche. Une étude balistique a montré que certains d'entre eux étaient déjà à terre lorsqu'on a continué de leur tirer dessus ; on s'est acharné sur des corps déjà transpercés (et peut-être déjà morts). Cet acharnement montre qu'il s'agit d'une sorte de violence de masse et non de règlements de compte individuels. Ce cas du Djebel Sahaba, avec cet acharnement à tirer sur les corps, n'est d'ailleurs pas unique. Dans le mésolithique européen, à l'époque des derniers chasseurs collecteurs, on a de nombreuses nécropoles où l'on a trouvé des sujets pareillement percés de flèches, et souvent de plusieurs flèches.

Une violence accrue du fait de la sédentarisation
Enfin il est intéressant de noter que ces traces de conflits au sein de la société des chasseurs collecteurs se retrouvent souvent dans des nécropoles en bordure de grands fleuves : le Gange, le Dniepr, le Danube, le Nil près des cataractes (cas du Djebel Sahaba). Nous sommes là vers la fin des temps paléolithiques ; l'homme est toujours un chasseur, un cueilleur, un pêcheur, mais on voit une certaine tendance des populations à se sédentariser dans les régions où il y a en abondance de la nourriture. On peut y chasser, pêcher, collecter des plantes sans avoir à faire de grands circuits, comme c'était, semble-t-il, le cas auparavant.
Pendant longtemps, en effet, l'humanité, au moins en partie, a été une humanité mobile, en quête de nourriture. La population était clairsemée et chaque groupe parcourait de très grands territoires. Puis, petit à petit, on voit les populations tendre à se fixer ; elles se sédentarisent, avantageusement, dans les endroits où, sans faire de trop grands déplacements, elles peuvent trouver de la nourriture tout au long de l'année. Or ces terres se trouvent souvent près des fleuves, notamment près des grands fleuves et de leurs rapides, en des lieux proches de niches écologiques différentes, avec une grande variété végétale et animale. Selon une hypothèse en général admise par la communauté des préhistoriens, la sédentarisation se serait produite dans de tels lieux où, potentiellement, la nourriture pouvait être acquise sans trop de difficultés. Ces lieux étaient donc recherchés, disputés, et cela pouvait entraîner des heurts et des conflits. Les traces de ces conflits, nous les avons justement dans les nécropoles qui se trouvent dans ce type de situations.

La violence au néolithique
Il ne faut pas imaginer les premiers paysans qui ont lentement traversé l'Europe pour arriver jusque chez nous, comme des barbares frustes et incultes. Ce n'étaient plus des primitifs. Il s'agissait d'homo sapiens comme nous, contraints à la solidarité dans la mesure où ils devaient dépenser leur énergie pour défricher la forêt et lutter contre la nature. Pendant longtemps on a même pensé que ces paysans néolithiques ignoraient la violence. En réalité, comme on va le voir, leurs relations étaient loin d'être toujours pacifiques.

- De multiples exemples de violence
Il y a une vingtaine d'années, près de Stuttgart, à Talheim, on a fouillé une fosse commune néolithique. Il y avait là trente-trois sujets : tous ont reçu des impacts de flèche ou des chocs et beaucoup de crânes sont défoncés à la hache de pierre. Il s'agit apparemment d'une tuerie organisée d'hommes, de femmes et d'enfants. On a creusé une fosse commune et on s'est débarrassé des corps dans cette fosse.
Cette découverte jeta un froid dans la communauté archéologique qui, comme on vient de le dire, avait pensé que les néolithiques ignoraient la violence. A partir de ce moment-là, on a réexaminé attentivement un certain nombre de documents osseux qui existaient dans les laboratoires, et qui provenaient de fouilles souvent beaucoup plus anciennes. On s'est alors aperçu que les traces de violence étaient nombreuses à l'époque néolithique. Il peut s'agir soit d'impacts de flèche, soit de crânes défoncés. Par exemple, les haches de pierre polie, omniprésentes puisqu'elles servaient à déforester : ces outils de déforestation pouvaient très bien se transformer en armes le moment venu. Sur certains fragments des crânes de Talheim on peut voir dans la boîte crânienne exactement la forme, en négatif, de la hache de pierre polie qui à servi à défoncer le crâne de ce sujet.
En Autriche, sur un site néolithique, on a découvert les restes de plusieurs dizaines de sujets sur lesquels on voit des impacts de flèche, des traces de coups, des crânes défoncés à la hache de pierre. Dans le Palatinat, sur un autre site néolithique, à Exheim, on a retrouvé les crânes de 300 individus. Tous ont été brisés par la moitié, de façon à ne conserver que la partie supérieure de la calotte crânienne. Il s'agit presque toujours d'adolescents ou d'enfants. L'interprétation de ce constat est difficile. S'agit-il de trophées de guerre, après le rapt d'une population d'enfants ? s'agit-il d'enfants de la communauté qui ont été éliminés ou sacrifiés, à la suite d'une crise interne à la population de ce site ? Nous n'avons pas de réponse.
Prenons enfin le cas de la France. Le néolithique français se situe en gros entre 5 500 et 2 500 avant notre ère. On y trouve de nombreux exemples de violence. Dans l'Allier, à Pontcharoux (vers 4 500 - 4 000 avant notre ère) une tombe multiple contient sept sujets tous enterrés en même temps. Or l'un de ces sujets porte dans la moelle épinière la trace d'une flèche qui s'y est plantée et qui l'a tué. On s'interroge sur les six autres. Ont-ils été tués en même temps et mis dans la même fosse ? ont-ils été " poussés " pour qu'ils accompagnent le précédent ? les a-t-on éliminés ? De tels cas ne sont pas rares.
Dernier exemple : en Vendée, aux Châtelliers-du-Vieil-Auzay, dans une sorte de grand tumulus on a trouvé trois tombes qui contiennent chacune deux sujets, un adulte et un adolescent. Tous ont subi soit des impacts de flèche, soit des chocs sur le crâne qui ont entraîné la mort. Chose surprenante, bien qu'ils aient été tués, ces sujets ont quand même reçu une sépulture décente. S'agissait-il de sujets sacrifiés ? Là aussi, il n'y a pas de réponse.

- La guerre au néolithique - Le Levante espagnol
Curieusement, vers la fin du néolithique, on retrouve dans les tombes (5) une grande quantité de pointes de flèche aux formes variées et très élaborées, foliacées, losangées, à pédoncule et ailerons etc.. Il y en a une grande profusion et l'étude des matériaux montre que ces pointes de flèches circulent comme des denrées précieuses entre des lieux éloignés. Or ces pointes de flèche impliquent nécessairement les flèches elles-mêmes tout comme les arcs et leurs accessoires. Alors que nous sommes déjà vers la fin du néolithique et que l'homme vit d'agriculture et d'élevage, tout se passe comme si la chasse restait importante. Mais quand on étudie les reste d'animaux de cette époque, on voit que la viande dont l'homme se nourrit provient essentiellement des animaux domestiques et que la chasse, au niveau alimentaire, apporte très peu. Et pourtant, c'est à cette époque où la chasse ne joue qu'un très faible rôle alimentaire que les pointes de flèche sont en surabondance. Que peut signifier une telle constatation ?
Elle veut probablement dire que si les flèche ne jouent plus grand un rôle dans la chasse, pour l'alimentation, elles jouent par contre un rôle important en tant que symbole, pour la position sociale. C'est là un fait très important, auquel il y a une explication. Plus la densité de population augmente, plus l'individu masculin, qui veut se mettre en valeur, ne peut y parvenir dans les comportements ordinaires de sa vie quotidienne de paysan ou de pasteur. Il n'y a que deux domaines où il peut " briller ", se constituer une position sociale importante : ou la chasse ou la guerre. Il construit son statut social à partir de son courage et de son amour du danger. Autrement dit, si les flèches servaient peu à la chasse, on peut penser qu'elles servaient à la guerre.
Or précisément, l'art rupestre de l'époque néolithique nous donne des informations sur la violence et la guerre. Il nous faut ici parler notamment de l'Espagne, en particulier du Levante espagnol. Dans toute la zone montagneuse qui regarde vers la Méditerrannée, des Pyrénées à la chaîne Bétique, à l'arrière des plaines côtières, se trouvent des paysages très tourmentés. Ce sont des régions calcaires dans lesquelles il y a beaucoup d'abris sur les parois desquels les populations préhistoriques ont peint un certain nombre de scènes, presque toujours des scènes de chasse, et parfois des scènes de guerre. Pendant longtemps on a pensé, puisqu'il y avait des scènes de chasse, qu'il s'agissait de populations de chasseurs, plus précisément de paléolithiques terminaux, de mésolithiques. Puis, la recherche aidant, on s'est rendu compte que ces scènes étaient d'âge néolithique et que ces scènes représentant la chasse ou la guerre ont été peintes par des paysans ou des éleveurs qui n'ont pas représenté sur les parois des grottes des scènes de leur vie quotidienne mais tout ce qui avait un caractère mythique qui pouvait grandir l'individu.
Par exemple des groupes d'archers face à face, avec parfois un peu à l'écart un petit groupe de " réservistes ". Les sexes sont indiqués : ce ne sont que les mâles qui se battent. Souvent apparaît le chef d'un groupe ou de l'autre, caractérisé par sa coiffure ou des plumettes sur la tête, au derrière et aux mollets. Les batailles ainsi représentées ne sont pas désordonnées : ce sont des batailles rangées. Dans un cas, on a une véritable scène d'exécution avec la victime, criblée de flèches, allongée sur le sol. Enfin, sur l'un de ces panneaux et pour un camp, on a pu faire le décompte du nombre des archers. On arrive à 20 à 25 auxquels il faut ajouter, en arrière-plan, des " réservistes " au nombre de 25. Au total 50 personnes dans ce camp. Si on considère que ne se battent que les jeunes mâles, on peut évaluer, avec les adultes plus âgés, les femmes et les enfants, que cela représente une communauté d'au moins 200 personnes (en transposant démographiquement). Il est clair qu'il ne s'agit plus des bandes de l'époque paléolithique, toujours très peu nombreuses. Nous sommes carrément dans un milieu de type néolithique.

La violence à l'âge des métaux : idéologie du guerrier et meurtres rituels collectifs.
Nous serons beaucoup plus brefs.
Vers la fin de la préhistoire, à l'âge des métaux, on voit se mettre en place, en occident, une figure de guerrier, que l'on perçoit grâce au mobilier trouvé dans les tombes : des armes pour les hommes, des parures et des objets domestiques pour les femmes. Il y a déjà une séparation idéologique entre les sexes que confirme l'examen des premières statues-menhirs. L'homme y est représenté avec ses armes, la femme avec des seins qui évoquent sa fonction nourricière et domestique. Non qu'à l'époque il y ait des armées de guerriers, cela viendra plus tard. Mais l'idéologie du guerrier est déjà préparée.
De la même époque, enfin, datent les meurtres rituels collectifs : le " chef ", pour magnifier son pouvoir, se fait enterrer avec ses épouses, ses courtisans et ses serviteurs, tués pour l'occasion. On en a notamment des traces en Egypte et en Mésopotamie. En Egypte, sous la première dynastie, autour de la tombe du pharaon, sont disposées les tombes des serviteurs ; par exemple à Abydos, autour de la tombe du roi, 800 tombes subsidiaires (serviteurs, courtisans, artisans, femmes du harem ...). Deux souverains ont été enterrés au dessus du corps de leurs serviteurs. En Mésopotamie, les tombes des rois d'Our accusent une profusion de richesses, mais aussi de nombreux sujets sacrifiés. Dans la tombe du roi Anou : 59 serviteurs mâles et 19 femmes ont accompagné le roi. Dans une autre tombe encore, 68 femmes et 6 hommes. On retrouve également ce phénomène au Soudan, dans la civilisation de Kerma (3ème millénaire). Il y a 200 ou 300 personnes autour d'une sépulture princière.
L'exemple le plus célèbre reste évidemment celui du premier empereur de Chine, vers 200 ans avant notre ère. Ce mégalomane s'est fait construire une pyramide de 400 m de côté pour abriter son tombeau et lors de ses funérailles, ont été sacrifiés les concubines de son père, plusieurs princes et leurs serviteurs, même peut-être ses propres enfants ; et aussi tous les artisans qui avaient travaillé au tombeau, pour en conserver le secret. C'est également lui qui a voulu être protégé par une armée symbolique de milliers de guerriers dont on a modelé des statues en terre cuite, qui sont disposées dans des casernes souterraines. Ici, toutefois, on était passé de l'être vivant à la figuration symbolique.
En définitive, les sociétés préhistoriques n'ont pas été plus pacifiques que les civilisations historiques. Elles ont connu des crises et des tensions comme toutes les sociétés. Elles ont pratiqué meurtres, violences et exécutions. S'il est vrai que dans de nombreux cas l'archéologie ne peut pas répondre aux questions que l'on se pose, on peut penser néanmoins que les sociétés préhistoriques se faisaient la guerre, peut-être pour des rivalités de territoires, mais aussi peut-être pour des motifs idéologiques : Vexations, insultes, rapts de femme. La violence est une réalité de tous les temps.

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(1) La conférence de Jean Guilaine, illustrée par de nombreuses diapositives, fut exceptionnellement longue. Le présent condensé de cette conférence a été établi par J.L. Wolfender.
(2) Un certain nombre des exemples cités sont donnés par Jean Guilaine dans son livre : Le sentier de la guerre, visages de la violence préhistorique , écrit en collaboration avec J. Zammit - Editions du Seuil, 2001.
(3) Nous désignons ici sous le terme de " nos pays " l'aire géographique formée de l'Asie occidentale, de l'Europe et du pourtour méditerranéen. Or la transformation néolithique est un phénomène constaté dans les diverse parties du monde. On admet en général qu'il y a eu plusieurs foyers de néolithisation, en Asie, en Afrique subsaharienne, en Amérique ... qui virent la domestication de plantes et d'animaux différents. Le foyer proche-oriental semble être le plus ancien.
(4) Rappelons ici que notre espèce est apparue hors d'Europe, en Afrique, il y a environ 100 000 ans et qu'elle y fut contemporaine de l'homme de Néandertal ; alors qu'en Europe l'homme de Néandertal, dont on a des traces vers -100 000 ans, a largement précédé l'homo sapiens sapiens qui n'y est parvenu que vers -40 000 ans. Certains paléontologistes considèrent le Néandertal comme un sapiens, d'autres comme une espèce distincte. Nous n'entrons pas ici dans ce débat.
(5) Vers la fin du néolithique, on voit se développer ce qu'on pourrait appeler des " armes de parade ". On le constate dans les tombes où les gens mettent des offrandes : le défunt part avec son carquois, avec ses haches, avec ses objets de parure, avec ses flèches. Subsistent les pointes de flèche.

Sunday 3 April 2011

FERGUSON - THE CAUSES AND ORIGINS OF ‘‘PRIMITIVE WARFARE’’ ON EVOLVED MOTIVATIONS FOR WAR

http://pt.scribd.com/doc/52202928

GAT - THE CAUSES AND ORIGINS OF ‘‘PRIMITIVE WARFARE’’ : REPLY TO FERGUSON

http://pt.scribd.com/doc/52202435

New Report On First Death By Spearing In Australia

ScienceDaily (Jan. 5, 2008) - Science News

 A new report led by an Australian National University archaeologist on the first evidence of death by spearing in Australia has been published in the British journal Antiquity.
The paper outlines the collaborative detective work that took place following the discovery of the skeletal remains of an Aboriginal male in the Sydney suburb of Narrabeen during excavations for gas works in 2005. A number of stone tools, interpreted as spear barbs, were also discovered at the site.
Lead author Dr Jo McDonald from the Research School of Humanities at ANU said that anatomical, forensic and artefact studies indicate death by spearing and the archaeological evidence showed that that the man was slain and abandoned in a coastal dune around 4,000 years ago.
“Ritual punishment using barbed death spears was witnessed at European contact in the Sydney region,” Dr McDonald said. “The Narrabeen man provides early archaeological evidence for ritual or payback killing by spearing. The timing of this event is significant for understanding other archaeological indicators of increased social complexity across south-eastern Australia.”
A multidisciplinary approach was taken to the salvage. Dr Richard Fullagar and Dr Judith Field from the University of Sydney studied the spear barbs. As well as finding human bone on several of the points, they also discovered signs of head-on tip impact and other damage consistent with the spearing of a human. Dr Denise Donlon, also from the University of Sydney, analysed the slain man’s skeleton and was able to determine that he was aged in his 30s at the time of his death. Altogether 17 pieces of flaked stone, thought to be spear barbs, were found around or embedded in the skeleton.
Dr Joan Brenner Coltrain from the University of Utah analysed the stable isotope chemistry of the man’s bones, which indicated he subsisted on a diet of marine foods including fish, shellfish, seaweed and sea birds. A study of the site’s geomorphology by private consultant Dr Peter Mitchell, combined with the age of the skeleton, indicated that this event took place at a time of higher sea level, suggesting the body was left on the crest of a fore dune.
“This was an example of the type of good research which can be achieved in the context of cultural heritage management – and an example of the exciting nature of archaeology in Sydney – where unique finds can be preserved in urban contexts,” Dr McDonald said. “It also shows how archaeological research can provide Aboriginal communities with the types of information that they want to know about their ancestors.”
Australian Archaeological Association spokesman, Professor Peter Veth from ANU, said the publication of the report in Antiquity was highly significant for archaeology in Australia.

Story Source:
The above story is reprinted (with editorial adaptations by ScienceDaily staff) from materials provided by Australian National University.